La Commission juridique de la Fédération guinéenne de football présidée par Thierno Abdoulaye Bah (membre du Comité exécutif), s’est prononcée ce 30 octobre sur le différend au sein du Satellite FC, qui oppose Mme Hadja Diop (épouse de feu Amadou Benoît Camara, fondateur du club) et Almamy Saïdou Sylla (président du club), qui a été limogé récemment par celle-ci pour faute professionnelle et manque de transparence dans la gestion du club.
Dans un rapport publié à cet effet, la Commission composé de six membres dont trois membres du Comité exécutif de la Féguifoot, rappelle que trois rencontres se sont tenues au siège de la Fédération, dont deux séparément entre les parties en conflit, le 11 octobre dernier, et une autre en présence de toutes les parties le 18 octobre.
La Commission, après avoir tenté en vain de rapprocher les deux parties, a proposé au Comité exécutif ce qui suit : La mise à disposition du Satellite FC à Mme Hadja Diop pour sa gestion ; le remboursement de l’investissement effectué par Almamy Saïdou Sylla pour la période allant de 2010 à 2017, dont le montant est estimé à plus de trois milliards de Francs guinéens (3.125369.000 GNF).
Le document indique que ce remboursement sera effectué par la nouvelle équipe de gestion du Satellite FC, en l’occurrence Mme Hadja Diop, après sa mise à disposition.
A cet effet, selon la Commission, le montant des transferts des joueurs déjà engagés reviennent à Almamy Saïdou Sylla et qu’un prélèvement sera effectué sur la subvention allouée par la Ligue guinéenne de football professionnel au club Satellite FC.
En définitive, selon la Commission juridique de la Féguifoot, vu la nécessité du club à participer au championnat de Ligue 1 Pro et en cas de non accord des deux parties, le club sera relégué en Division inférieure.
Après la publication de ce rapport, Mme Camara Hadia Diop n’a pas attendu longtemps pour réagir à travers son avocat, Me Roland Désiré Bangoura, qui a adressé un courrier au président et aux membres du Comité exécutif de la Fédération guinéenne de football, le 1er novembre, dans laquelle ce dernier fait des observations par rapport aux conclusions de la Commission juridique de la Féguifoot.
« Il m’a été donné de constater, que consécutivement à votre saisine par ma cliente, vous avez et ce, pour les besoins d’enquêtes, instruit la Commission juridique de la Féguifoot, de vous présenter un rapport sur l’étendue du litige qui vous est soumis. Cette Commission, a, en date du 30 octobre 2017, dressé son rapport et fait de recommandations au Comité exécutif à travers ses approches de solutions, qui nous semblent à tout point de vue controversées. Cela s’explique par une légèreté qui a abouti à ces différentes propositions qui ne sont, du reste, corroborées par aucune des dispositions statutaires, tant de la Féguifoot, que de la Ligue guinéenne de football professionnel, encore moins des textes du Satellite FC ou de la FIFA. De façon prématurée, ce rapport que d’aucuns estiment être l’aboutissement du règlement définitif de ce litige, a été diffusé sur nombres de médias de la place, et certains journalistes sportifs en font leurs gros titres dans leurs éditions radiodiffusées. Cela suppose que ma cliente a acquiescé, alors que ce n’est nullement le cas dans cette affaire, parce que cette Commission est censée réunir les éléments et les présenter au Comité exécutif, seul organe délibérant en pareil cas (article 33 et suivants des Statuts de la Féguifoot). »
En ce qui concerne les trois milliards à verser à Almamy Saidou Sylla, en compensation de l’investissement effectué de 2010 à nos jours, l’avocat de Mme Hadia Diop fait remarquer que ce montant, loin d’être un montant réel, a été déclaré de façon fantaisiste par Almamay Sylla, malheureusement, avalisé par cette Commission juridique.
Et de renchérir : « Aucun support, aucun élément d’appréciation n’a été apporté devant cette Commission, pour justifier le remboursement d’un tel montant qui aurait été dépensé. De ce fait, Monsieur Almamy Saidou Sylla n’a aucun droit à prétendre au remboursement de ce montant, quand bien même qu’il est constant, comme résultant des auditions, que sa gestion pendant toute sa mandature a été des moindres. Toutefois, les dispositions des articles 25 des Statuts, 17 et suivants du règlement intérieur du club Satellite sont éloquentes, et dispensent dans une large mesure le nouvel organe de gestion dudit club, de rembourser tout investissement fait par un président sortant, encore qu’il faudrait le prouver !!! Tous les biens, qu’ils soient meubles ou immeubles, au nom du club Satellite sont désormais dans son patrimoine, et nul n’a le droit de demander un remboursement. Monsieur Almamy Saidou Sylla ne peut pas déclarer, que durant toute sa période de gestion, les retombées des exploits du Satellite FC ne lui ont pas permis d’engranger d’importantes sommes d’argent qui dépassent de loin le montant qu’il réclame. Qu’il a été le seul maître de jeu, sans partage et sans compte-rendu fidèle. En conséquence, il ne saurait prétendre au paiement d’un quelconque montant à son profit par le club qu’il a dirigé. »
S’agissant des transferts des joueurs, il note qu’il est connu de tous que le Satellite FC a effectué des transferts de certains de ses joueurs, tant sur le plan local que sur le plan international : « Ces transferts étaient effectués à la seule discrétion de Monsieur Almamy Saidou Sylla qui, de son propre gré, a fait rétention de l’information à dessein. Ces montants, s’ils en existent, devront être dans le patrimoine du club et non dans la bourse de son président déchu. »
L’avocat de Mme Diop a également relevé la confusion entretenue par la Commission juridique, par rapport au prélèvement sur la subvention allouée par la Ligue Pro : « En règle générale, la subvention accordée à un club, est synonyme d’un fonds de roulement, qui dit être garantie pour sa bonne utilisation (…). Vouloir prélever cette subvention, conduirait à l’anéantissement du Satellite FC, en tout cas pour cette saison 2017 et les saisons à venir, ce qui se répercuterait sur ses résultats dans le championnat. Cela viole les dispositions combinées des articles 2 (Buts) – des Statuts de la Féguifoot et de la Ligue guinéenne de football professionnel. »
Enfin, par rapport à la possibilité de reléguer le club Satellite FC en division inférieure, il souligne que cette mesure dénote de l’extrême imprudence de cette Commission juridique, alors que la logique voudrait que de telles crises internes soient réglées avec sagesse.
« En tout état de cause, je reste persuadé que des dispositions utiles seront prises par le Comité exécutif, pour garantir la pérennité du club Satellite FC en Guinée et sur le plan continental. D’autre part, je reste convaincu que l’on parviendra à aplanir ces divergences qui ne sont que de simples problèmes d’égo. »
M. Bory Bah