Dans une interview accordée à notre rédaction le 25 octobre, l’entraineur du Hafia FC, Mandjou Diallo, tire les leçons du stage effectué par son club au Maroc, avant de se prononcer sur la Supercoupe qui se dispute ce 27 octobre et le championnat national qui démarre le 3 novembre.

Guineesports.net : Que peut-on retenir du stage de 20 jours effectué par le Hafia FC du côté de Rabat ?

 Mandjou Diallo : Après avoir obtenu une place pour la compétition africaine (Coupe de la Confédération, NDLR), le président KPC a jugé nécessaire de nous trouver un stage bloqué du côté du Maroc. Pendant 20 jours, nous avons effectué ce stage au Centre technique du FUS de Rabat. Comme vous le savez, nous venons de sortir d’une saison très longue. Avec le départ de pas mal de joueurs dans cette équipe du Hafia FC, nous étions obligés de faire venir beaucoup de joueurs. Il fallait donc trouver un lieu pour faire notre mise au vert, pour vraiment essayer de faire ce travail entre les anciens et les nouveaux, pour qu’on puisse avoir une équipe compétitive. Mais cette préparation proprement dite était beaucoup plus axée sur le travail offensif, parce que vous savez que le travail d’avant saison est toujours difficile. Nous avons travaillé beaucoup plus sur le plan physique, sinon normalement, la préparation d’avant saison dure six à huit semaines. Mais trois semaines, ce n’est pas suffisant, même si cela se comprend aussi, parce que quand vous sortez d’une saison très très longue, vous êtes dans l’obligation de réduire le temps de préparation d’avant saison. Nous avons fait un travail foncier durant deux semaines, c’est-à-dire la préparation physique qui était axée sur le terrain et la salle de musculation. Après deux semaines, nous avons essayé de faire un travail technico-tactique. Malheureusement, il y a eu des joueurs qui n’ont pas pu suivre ce programme, parce que nous sommes partis avec certains joueurs blessés, comme Abdoulaye Samaké qui a fini difficilement la saison. Les dirigeants du FUS de Rabat ont même mis à la disposition de l’équipe le médecin et les kinés pour pouvoir récupérer rapidement les joueurs blessés. Nous avons eu aussi quelques renforts qui sont venus de l’autre côté. Il y a le latéral gauche de l’ASEC qui a retrouvé l’équipe à Rabat et un certain Martial qui était en Arabie Saoudite avec Ismaël Bangoura. C’est ce dernier qui a recommandé ce joueur au Hafia et quand il a intégré le groupe, nous avons trouvé franchement un joueur d’avenir, qui est capable de jouer en défense centrale et au milieu du terrain. Un joueur qui a un potentiel énorme. Je crois qu’avec certains joueurs que nous avons pris au niveau local et d’autres aussi qui ont été recrutés à partir de la Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire, j’aurai souhaité continuer encore le stage.

Le Hafia FC affronte le Horoya AC en Supercoupe de Guinée ce 27 octobre, au stade du 28 septembre. Votre équipe est-elle prête pour ce duel ?

Je ne peux pas dire que le Hafia est fin prêt. Non, pas du tout. Nous ne sommes pas fin prêts, parce que déjà, comme je l’ai dit tantôt, quand vous avez pas mal de joueurs qui viennent d’arriver, c’est très difficile. Je pense que c’est trop tôt de parler où de dire que nous sommes fin prêts, avec le manque de rythme de jeu. C’est au fur et à mesure du déroulement des compétitions que la mayonnaise va prendre. Cette Supercoupe, c’est un peu une mise en route, surtout pour les recrues qui vont jouer cette Supercoupe, afin de connaitre l’atmosphère de notre football et comprendre comment ça se passe entre le Horoya, l’ASK ou le Hafia. Ils vont essayer de se préparer mentalement, pour aborder la nouvelle saison dans de très bonnes conditions.

Justement, quelle est l’ambition du Hafia FC pour cette nouvelle saison ?

 L’ambition du président KPC est claire. Il a dit franchement qu’il veut que son club joue le premier rôle cette année. Quand on dit qu’on veut jouer le premier rôle, cela veut dire qu’on veut prendre le titre de champion. La Coupe nationale est aléatoire, dans la mesure où même un club de troisième division peut gagner cette compétition. Le plus important sur le plan local, c’est de gagner le championnat. Comme vous le savez, quand on dépense beaucoup d’argent, on veut forcément des trophées.

L’effectif dont dispose le Hafia FC peut-il lui permettre de remporter le titre de champion de Guinée ?

Bien sûr. La saison dernière, nous avons eu beaucoup de problèmes à l’interne, au point de terminer difficilement la saison. Finalement, nous avons essayé à l’interne de trouver la solution à tous ces problèmes. Au finish, le Hafia FC a remporté la Coupe nationale.

Quel est votre avis par rapport à la délocalisation de tous les matches du championnat à Conakry cette saison ?

 Je pense que c’est une bonne chose. Il faut que nous soyons clairs, quand vous prenez le terrain de Boké par exemple, aucune tactique ne peut être appliquée. Même cas de figure avec les terrains de Labé, de Siguiri ou de Coyah. Quand l’entraîneur met son schéma, c’est un caillou qui change la direction du ballon. Donc, c’est un peu difficile. Aujourd’hui, si nous jouons sur des terrains gazonnés, cela va nous permettre vraiment d’avoir une base très solide et permettra aussi aux différents coachs qui sont au niveau des sélections nationales d’avoir des joueurs talentueux.

Le Hafia FC, triple champion d’Afrique, retrouve l’échiquier continental après plusieurs années d’absence. Qu’est-ce que cela vous inspire comme réaction ?

Ça fait longtemps que le Hafia ne joue pas le premier rôle, mais quand vous allez à l’extérieur du pays, les gens ne parlent que du Hafia. Donc, si ce club revient sur le devant de la scène, c’est une bonne chose pour notre football, parce que sur le plan africain, les gens ne connaissent que le Hafia. Même quand nous étions au Maroc, les gens parlaient du triplé du Hafia 77, de Maxime, de Petit Sory, Chérif Souleymane et tant d’autres. Alors, il faudrait que nous essayions d’aider ce président qui est en train de mettre les moyens, à rehausser le niveau de ce club.

Quel regard portez-vous sur le niveau actuel du championnat guinéen ?

 Il est très difficile de faire un jugement par rapport à cela. Depuis deux ans, à quatre ou même cinq journées de la fin du championnat, le Horoya est déjà sacré champion de Guinée. Ce n’est pas une bonne chose. Quand il n’y a pas de concurrence, ce n’est pas appréciable. Aujourd’hui, on commence à parler du Hafia, sinon il fut des temps ici, le seul club qui pouvait concurrencer le Horoya, c’était l’ASK. Mais l’AS Kaloum a été atomisée et le club a perdu beaucoup de joueurs, en raison de problèmes internes. Si nous voulons avoir vraiment un championnat digne de ce nom, il faudrait que nous ayons beaucoup de clubs forts.

Propos recueillis par

Moudma Diallo